Interview : Crise du Coronavirus, fiduciaires et avenir de la profession

Romain Prieur est expert-comptable de formation, fondateur de la fiduciaire digitale Karpeo et associé de Counteo. Il revient aujourd’hui sur les défis auxquels vont faire face les fiduciaires dans les semaines et mois à venir. Une chose est sure, il y aura un avant et un après « crise du Coronavirus ». Une fois cette crise terminée, les fiduciaires seront à la croisée des chemins et devront apprendre à se réinventer en mettant l’expérience client au cœur de leurs services.

Quel est l’impact de cette crise pour les fiduciaires ?

Les fiduciaires sont un peu les médecins des entreprises. Actuellement, dans le contexte du Coronavirus, les fiduciaires et leurs collaborateurs sont dans la gestion de situations de crise auprès de leurs clients, dans le suivi des nouveautés administratives et fiscales pour les accompagner tout en gérant la mise en place du télétravail. Toutes ces taches arrivent de manière soudaine et touchent toutes les fiduciaires, quelles que soient leurs tailles.

Quels seront les défis des mois à venir pour les fiduciaires ?

Les fiduciaires doivent aujourd’hui gérer les fermetures temporaires d’entreprises, les réductions des horaires de travail pour leurs clients tout en les conseillant sur les meilleurs moyens de gérer leurs liquidités.
Les collaborateurs des fiduciaires sont actuellement sur le pont et sortiront eux aussi fatigués de cette crise. Cependant, lorsque le pic de l’épidémie sera derrière nous et que l’activité économique reprendra progressivement, il faudra finir de produire les déclarations fiscales et bilans de l’année dernière et également rattraper les mois de comptabilité mis de côté.
Même si des délais administratifs seront accordés, les semaines et les mois à venir s’annoncent très chargés. Il faudra reprendre progressivement son activité traditionnelle (rattrapage des comptabilités, développement de la base clients), tout en accompagnant les clients existants dans cette période de reprise. Et certainement, il faudra également se poser la question des méthodes de travail de la fiduciaire…

Vous parlez du télé-travail ?

Oui entre autres : nous sommes des millions à devoir télé-travailler et pour une majorité d’entre nous, ce télétravail est une nouveauté. En quelques jours, des fiduciaires qui avaient de grandes réticences culturelles et managériales concernant le télé-travail ont dû s’adapter.
Il ne faut toutefois pas imaginer que dans le « monde d’après crise » les gens ne se rendront plus au bureau : ce que les fiduciaires, et plus globalement les entreprises, vivent est un télétravail d’urgence qui permet d’assurer une activité minimum.
Toutefois, il y a fort à parier qu’une fois cette crise passée, nous n’irons plus au bureau simplement parce que nous devons y aller. Nous nous déplacerons au bureau parce que nous aurons un intérêt à nous y rendre tel que pour un rendez-vous client par exemple.

La fiduciaire de demain va donc devoir se réinventer ?

Nous en sommes convaincus : les associés et les gérants de fiduciaires vont devoir réfléchir à l’avenir de leur métier : « Quel sera le rôle de ma fiduciaire demain ? ».
A titre individuel, je suis convaincu que le conseil et l’accompagnement personnel et sur-mesure des clients seront les socles du métier de demain. Le rôle des fiduciaires ne doit plus se limiter à la simple production d’écritures comptables, d’états financiers ou d’autres types de documents administratifs.
La digitalisation du cabinet pour le bonheur des clients et des collaborateurs me semble également quelque chose de nécessaire pour les fiduciaires souhaitant continuer à se développer dans les années à venir.

Pensez-vous que les clients des fiduciaires soient prêts à de tels changements ?

Oui je le pense : même les entrepreneurs les moins digitalisés apprennent aujourd’hui, de manière quelque peu forcée certes, à se digitaliser. Nous discutons avec des dizaines de fiduciaires chaque mois, et il est clair que la majorité du temps, leur développement commercial est fondé sur le bouche-à-oreille et sur les recommandations effectuées par leurs clients existants. L’amélioration de l’expérience client doit donc être le principal moteur des décisions que prendront les gérants des fiduciaires dans les mois à venir.
Avec une solution digitale telle que Counteo, les fiduciaires peuvent proposer une interface de collaboration simple et intuitive qui permet à leurs clients de gagner du temps : le client peut voir en temps réel l’avancement de sa comptabilité, les pièces manquantes et des informations financières clés.
De plus, même avec des connaissances comptables limitées, Counteo est simple à prendre en main. Les clients des fiduciaires en sont ravis et ne reviendraient en arrière pour rien au monde.

Et les fiduciaires, sont-elles aujourd’hui prêtes pour ces changements ?

Cette crise soudaine va sûrement changer la donne : il y avait de gros freins ces dernières années sur la dématérialisation de la fiduciaire.
Nombreuses sont les fiduciaires qui pensaient pouvoir continuer à travailler de manière 100% traditionnelle. Le fait est que les cabinets qui sauront proposer des solutions nouvelles et adaptées à la situation actuelle vont avoir l’opportunité de gagner de nombreux clients. Il va clairement y avoir une redistribution des cartes entre les acteurs qui auront fait preuve d’agilité et les autres.
Par ailleurs, l’automatisation va permettre à ces cabinets de devenir plus efficaces et ainsi de clôturer bien plus rapidement les comptes de leurs clients pour se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée.

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