Les fiduciaires doivent-elles avoir peur de l’ubérisation ?
L’ubérisation, qu’est-ce-que c’est ?
Derrière ce terme quelque peu barbare, se trouve une philosophie économique développée depuis quelques années. L’ubérisation est représentée par ces changements majeurs, rapides, et parfois peu contrôlés de l’économie moderne, provoqués par l’émergence de nouveaux acteurs économiques digitaux. En effet, ces derniers ont le pouvoir, en quelques mois, de chambouler l’ordre établi sur le marché. Ceci est une réalité qu’aucun ne peut nier.
Le plus célèbre de ces exemples est certainement Uber, qui du jour au lendemain est venu bousculer le monopole des taxis dans tous les pays où il s’est installé. On peut également parler de Airbnb qui, en quelques années, est devenu l’outil incontournable des voyageurs souhaitant se loger, le plus souvent au détriment de l’offre hôtelière existante.
Ces dernières années, l’expérience a montré que l’ubérisation d’une profession se met en place lorsque la demande et l’offre du marché ne sont plus en adéquation. Un nouvel acteur entre sur un marché en proposant une offre moderne répondant à des attentes nouvelles que personne n’avait anticipé. La menace est donc constante pour les professions qui sont réticentes aux changements ou tendent à le minimiser en considérant leur clientèle actuelle satisfaite et fidèle, quelques soient les évolutions à venir sur le marché.
Les fiduciaires menacées ?
Le métier de fiduciaire a très peu évolué ces dernières années. Bien que la concurrence se soient accrues, le plus souvent au détriment des marges, les offres innovantes sont restées rares. Aujourd’hui, alors que le digital chahute des pans entiers de l’économie traditionnelle, la question de l’adéquation entre l’offre des fiduciaires et les attentes, explicites ou non, des clients se pose.
A l’heure du tout digital, est-il encore envisageable pour un entrepreneur de préparer une boîte à chaussures ou un classeur de factures, et de se déplacer physiquement pour l’apporter à sa fiduciaire ? Peut-on vraiment piloter une entreprise sans rapports financiers réguliers et discussions régulières avec son expert-comptable ? N’existe-t-il pas de meilleures alternatives qu’une rencontre semestrielle avec son comptable pour savoir comment se porte son entreprise ?
Il sera important pour les experts-comptables et les fiduciaires de proposer à leurs clients une offre adaptée et innovante dans les mois et années à venir. La modernisation d’un cabinet comptable se réfléchit et s’anticipe. La repousser ou la nier n’est ni crédible, ni efficace à long terme.
Initier le changement progressivement
La transformation digitale a fait beaucoup écrire et parler ces dernières années étant donné que celle-ci s’accompagne de nombreux changements, parfois complexes à gérer, pour les collaborateurs et leur management.
Mieux qu’une transformation digitale, c’est une transition digitale que doivent initier les fiduciaires. Anticiper les attentes de leurs clients, réfléchir à l’implémentation d’outils modernes et adaptés à une collaboration réussie, préparer et motiver ses collaborateurs sont autant d’étapes cruciales et nécessaires à une transition digitale réussie.
L’utilisation de l’intelligence artificielle, l’automatisation des écritures comptables ainsi qu’une offre digitale simple et innovante pour ses clients seront des éléments nécessaires pour toute fiduciaire souhaitant rester compétitive dans les années à venir. Ainsi, la digitalisation de certains aspects de la comptabilité permet de s’affranchir de tâches fastidieuses et sans valeur ajoutée telle que la saisie. En contrepartie l’expert-comptable dispose dès lors plus de temps pour proposer une valeur nouvelle à ses clients grâce à ses précieux conseils : recherche de financements, réflexion sur l’amélioration des marges, conseils fiscaux, etc.
Ignorer les nouvelles attentes de ses clients, volontairement ou non, n’est pas une solution viable pour une fiduciaire désirant conserver sa compétitivité et in fine sa valeur.
L’avènement du digital est une de taille pour ceux qui sauront anticiper et investir dans leurs fiduciaires avant que de nouveaux acteurs entrent sur le marché. Les taxis et les hôteliers pourront le confirmer.